Abbayes et châteaux cathares (11)

Le catharisme s'est développé dans le sud de la France au XIIème siècle. Il s'agit d'une religion chrétienne différente du catholicisme. Elle prône le retour au modèle d'Eglise primitive des premiers temps du christianisme et condamne l'Eglise romaine et sa hiérarchie. Les cathares interprètent différemment les Ecritures et ne conservent qu'un seul sacrement, le baptème, au lieu des sept sacrements de l'Eglise romaine.
Très vite, les cathares constituent un danger aux yeux de l'Eglise romaine. Ils sont déclarés hérétiques (concile du Latran III de 1179). Le catharisme se développe malgré l'action des prédicateurs de l'Eglise romaine. En 1208, le légat du pape, Pierre de Castelnau, est assassiné. En 1209, le pape Innocent III décide de déclencher la première croisade en terre chrétienne contre les cathares et ceux qui les soutiennent. Ce sera la Croisade contre les Albigeois. Le roi de France refuse de donner suite à la demande du pape mais 300.000 barons et chevaliers du nord accompagnés de leurs hommes d'armes se réunissent à Lyon attirés par les richesses du sud. La même année, les habitants de Béziers sont massacrés et Carcassonne tombe aux mains des croisés. Simon de Montfort est nommé chef de la croisade. A partir de 1226, le nouveau roi de France, Louis VIII, successeur de Philippe-Auguste, s'engage dans la croisade.
Le conflit durera vingt ans. La défaite d'Amaury de Montfort, fils de Simon, l'oblige à léguer tous ses titres au roi de France (sénéchaussées de Carcassonne et Beaucaire). En 1229, Le comte Raimond VII de Toulouse se soumet au roi (traité de Meaux-Paris).
A partir de 1233, l'Eglise met en place une nouvelle institution judiciaire, l'inquisition, qui est confiée aux dominicains. Les enquêtes menées dans le midi réduisent considérablement le nombre de cathares. En 1242, des inquisiteurs sont assassinés à Avignonet. Raimond VII de Toulouse échoue dans sa tentative de révolte. La reddition de la forteresse de Montségur, siège de l'archevêché cathare, le 15 mars 1244 et les condamnations au bucher qui suivirent, sonne le glas du catharisme. La prise du château de Quéribus en 1255 puis l'arrestation des derniers parfaits en 1308 et en 1321 met fin à l'histoire du catharisme dans le midi de la France.
 
1/ Cité de Carcassonne
Voir page spécifique consacrée à Carcassonne.
 
2/ Abbaye de Fontfroide
Située au sud est de Narbonne, l'abbaye de Fontfroide est d'abord une abbaye bénédictine (fin du XIème siècle) puis cistercienne (à partir du milieu du XIIème siècle). Elle a été bâtie dans un vallon rocailleux des Corbières. Pendant la Croisade contre les Albigeois, l'abbaye s'est affirmée comme un bastion de l'orthodoxie catholique contre le catharisme. Pierre de Castelnau et Raoul, deux moines de Fontfroide, furent nommés légats par Innocent III. Plus tard, Jacques Fournier devint pape sous le nom de Benoît XII (1334-1342).
Après une période de déclin, l'abbaye tombe en commende de 1476 à 1764 et finit par perdre son titre et tous les revenus associés.
De nombreux aménagements sont réalisés jusqu'en 1791, année de la mise en adjudication de l'abbaye. Des moines s'installent à nouveau à Fontfroide de 1858 à 1901.
Depuis 1908, le monument appartient à la même famille qui a entrepris la réhabilitation du site.
A voir : Cour d'honneur avec porte d'entrée monumentale (XVIIème siècle), jardins, réfectoire, cellier et dortoir des frères convers, cloître (construit en deux temps), église abbatiale (en forme de croix latine, cinq travées, nef de 20 mètres de haut, cinq chapelles du début du XIVème siècle), salle capitulaire (construite entre 1180 et 1280).
 
 
 
 
Portail monumental
 
Cour d'honneur
 
 
 
Cour intérieure
 
 
Cloître
 

 
 
Vue
 
Eglise abbatiale
 
 
 
Salle capitulaire
 
Réfectoire des frères convers
 
Dortoir des frères convers
 
Jardins
 
 
 
3/ Château d'Arques
Situé à une cinquantaine de kilomètres au sud est de Carcassonne, l'existence du château de la famille d'Arques est mentionné pour la première fois en 1011. Au XIIème siècle, la seigneurie passe aux mains de la Maison de Termes alors très puissante.
Pendant la croisade contre les albigeois, Béranger d'Arques se range aux cotés de Guillaume de Peyrepertuse.
Le château et le village sont incendiés par Simon de Montfort en 1217. Ce dernier l'offre à son lieutenant Pierre de Voisins en 1231. Au XIIIème siècle, Gilles de Voisins, fils du précédent, fait reconstruire le village et commence la construction du château actuel. Son fils, Gilles II, le termine vers 1316. Au XVIème siècle, le domaine passe à la famille de Joyeuse. En 1575, le siège du château par les protestants se solde par un échec.
Le château est vendu sous la révolution et est classé monument historique en 1887.
A voir : Enceinte (quadrangulaire percée par une porte ornée du blason des Voisins), tour-logis, donjon carré au centre de l'enceinte (haut de 24 mètres, quatre échauguettes, voûtes, cheminées, fenêtres trilobées). La tour se compose de quatre niveaux : les deux premiers voûtés d'ogives, le troisième recevant un plancher, le quatrième permettant la défense. Maison " Déodat Roché" (1877-1978), historien du catharisme.
 
 
 
Entrée
 
Logis
 
 
Donjon
 
 
 
 
Deuxième étage
 
4/ Château de Quéribus et Cucugnan
Château situé sur un piton rocheux à 728 mètres d'altitude sur la commune de Cucugnan. Son existence est mentionnée dès 1020. Il fait alors partie du comté de Besalù puis de Barcelone et entre en 1162 dans la maison d'Aragon. La famille " de Cucugnan " est citée pour la première fois en 1193. Pierre de Cucugnan soutient les cathares en les ravitaillant ou en les hébergeant. En 1240, il rejoint Raymond Trencavel qui assiège Carcassonne. Il est contraint de se soumettre à Saint Louis après l'échec du siège. Le château de Quéribus, placé sous l'autorité du chevalier Chabert de Barbaira, abrite encore des cathares notamment Benoît de Termes. En 1255, il doit lui aussi céder devant Saint Louis. C'est le dernier bastion à tomber.
La position stratégique du château lui permet d'occuper une place privilégiée dans le système défensif français. Il assure une surveillance efficace de la plaine roussillonnaise au sud.
Le traité des Pyrénées de 1659 qui définit de nouvelles frontières conduit à l'abandon progressif du château.
A voir : Exemple d'architecture militaire avec ses assommoirs, ses meurtrières, ses canonnières, … mais aussi de nombreux éléments témoignant de la vie quotidienne : citerne, logis, … Donjon polygonal avec sa salle du pilier et sa fenêtre à meneau chanfreinée. Terrasse du donjon offrant un magnifique panorama : mer Méditerranée, massif des Corbières, chaîne des Pyrénées. A Cucugnan : moulin à vent, Vierge enceinte dans l'église du village, " Sermon du curé de Cucugnan ", spectacle d'images virtuelles au théâtre Achille Mir.
 
 
Entrée
 
Salle de la citerne
 
Entrée seconde enceinte
 
Logis et donjon
 
 
Salle du pilier
 
 
 
 
Cucugnan
 
Vierge enceinte
 
6/ Château de Peyrepertuse
Le site est déjà occupé au Ier siècle avant JC. C'est en 1070 qu'on mentionne pour la première fois l'existence d'un château d'abord aux mains des comtes catalans de Besalù, puis de Barcelone et enfin aux mains des vicomtes de Narbonne. Il est situé sur une arrête calcaire à 800 mètres d'altitude. Lors de la croisade contre les Albigeois, Guillaume de Peyrepertuse, qui refuse de se soumettre, est d'abord excommunié puis son château devient une possession française en novembre 1240. Saint Louis demande à ce qu'il soit aménagé. On construit un escalier qui dessert le donjon Saint Jordi, on réaménage le Donjon Vieux et l'église Sainte Marie. Avec le traité de Corbeil de 1258, il devient une pièce maîtresse des forteresses royales qui protègent la frontière avec le royaume d'Aragon. Il accueille des notables en résidence forcée en 1285 avant d'être renforcé à partir de 1355. En 1542, le château tombe provisoirement aux mains de Jean de Graves qui agit au nom de la Réforme. Lui et quatre de ses complices sont exécutés. Le château de Peyrepertuse perd de son importance après la signature du traité des Pyrénées en 1659. Il n'est occupé que par une petite garnison commandé par un officier. Son abandon est acté à la Révolution et le château est vendu comme bien national en 1820. La restauration du château début en 1950.
A voir: Enceinte basse de forme triangulaire avec sa muraille et ses deux tours, Donjon vieux, église Sainte Marie, logis constitué de deux pièces superposées, enceinte médiane, donjon Saint Jordi, escalier Saint louis, chapelle Saint Jordi d'où on peut apercevoir le château de Quéribus.
 
 
 
Entrée et barbacane
 
Enceinte basse
 
Contrefort Donjon Vieux
 
Donjon Vieux
 
 
 
Donjon Vieux depuis l'escalier Saint Louis
 
Entrée Donjon Vieux
 
Eglise Sainte Marie
 
Logis
 
Cour
 
 
Entrée donjon Saint Jordi
 
Logis
 
Chapelle Saint Jordi
 
Vue depuis la chapelle Saint Jordi
 
Panorama depuis la chapelle Saint Jordi
 
5/ Château d'Aguilar
Le château d'Aguilar surplombe la plaine de Tuchan. Le Puy d'Aguilar est cité pour la première fois en 1020. Il est légué à Guilhem Taillefer, fils de Bernard, comte de Besalù. Il passe ensuite aux mains des seigneurs de Termes, vassaux des Trencavel. La croisade contre les Albigeois permet au roi de prendre possession du château d'Aguilar. Ce dernier le restitue à Olivier de Termes en 1250 en remerciements de sa combativité en Terres Saintes. Le traité de Corbeil de 1258 en fait une position avancée sur la nouvelle frontière avec l'Aragon. Le château est racheté par Louis IX en 1260. Il en fait une forteresse royale qui restera opérationnelle jusqu'à ce que soit repoussée la frontière. Le château est classé monument historique en 1949.
A voir : Deux enceintes hexagonales : enceinte primitive (XIIème siècle, deux salles superposées avec logis du châtelain et salle basse du corps de garde avec ses cinq archères voûtées), enceinte extérieure (XIVème siècle, six tours semi-circulaires ouvertes). Exemple parfait de défense : tours, angles de tir, barbacane, assommoirs … Chapelle Sainte Anne à l'extérieur des enceintes.
 
 
Chapelle Sainte Anne
 
 
 
Vignoble des Corbières
 
Mes commentaires :
Plus d'une vingtaine de sites évoquent le catharisme avec de nombreux châteaux, des abbayes et des musées. Seuls quelques uns d'entre eux ont été visités.
L'abbaye de Fontfroide est intéressante bien que rénovée en fonction des goûts des propriétaires. Visite guidée avec un groupe constitué d'environ 70 personnes. C'est beaucoup trop.
Les châteaux d'Arques, de Quéribus, de Peyrepertuse et d'Aguilar sont bien différents et tous dignes d'intérêt. Mention spéciale au château d'Arques dont le donjon avec ses 24 mètres est indiscutablement une curiosité. Un document écrit remis à chaque visiteur permet la visite du château d'AGUILAR. C'est, à mon sens, plus intéressant qu'une visite avec audio-guide. Panorama exceptionnel du haut des donjons des châteaux de Quéribus et de Peyrepertuse. Attention, par temps de pluie, ces deux châteaux peuvent être dangereux en raison de nombreuses pierres lisses qui forment les sentiers et chemins.
Inutile de consacrer du temps à la visite de la maison Déodat Roché à proximité du château d'Arques sauf à vouloir approfondir ses connaissances sur le catharisme.
Passer son chemin à Cucugnan: le spectacle "Sermon du curé de Cucugnan" est sans le moindre intérêt.